Pierre Gallou, souffleur de verre, a réalisé la pièce offerte par le président français à son homologue chinois. Une commande de l’Élysée à laquelle la Verrerie d’art d’Amboise-Chargé a répondu avec succès.
C’est une pièce en verre soufflé multicouche, sculptée par sablage, comme Pierre Gallou en fait régulièrement. Sauf que ce vase d’une trentaine de centimètres, sur lequel apparaît un dragon noir sur fond rouge et blanc, a quelque chose de particulier : il a été choisi par l’Élysée pour être offert par Emmanuel Macron à Xi Jinping lors de la visite en France du chef d’État chinois.
Une reconnaissance pour l’artisan de la Verrerie d’art d’Amboise-Chargé, presque surpris d’avoir remporté l’appel d’offres lancé par la présidence française.
« En avril, on a reçu un mail de l’Élysée qui passait un appel d’offres. Je ne sais pas comment ils ont eu notre nom, mais on était dans la liste des destinataires, explique Pierre Gallou. Il n’y avait qu’une demande : faire une œuvre représentant un dragon. On nous laissait le champ libre, dans un budget compris entre 500 et 1.500 €. »
« On s’est demandé si ce n’était pas une blague, c’est la première fois qu’on faisait ça. Mais on s’est dit qu’on allait tenter l’expérience », ajoute Annie Duval, la gérante de la Verrerie d’art, installée depuis 2014 à flanc de coteau entre Amboise et Chargé.
Le vase réalisé par Pierre Gallou, offert par Emmanuel Macron à Xi Jinping. © (Photo Verrerie d'art)
Bien leur en a pris : le 19 avril 2024, alors qu’il ne lui restait plus qu’une heure pour postuler, Pierre Gallou envoyait à l’Élysée les photos de la pièce réalisée. Le 23 avril, il recevait une réponse positive de l’Élysée. Et, le 29 avril, le vase était envoyé par colis postal à la présidence française. Laquelle a remercié l’entreprise amboisienne « pour ce magnifique travail d’artisanat en un temps très contraint » et pour son « efficace collaboration ».
« Je pense qu’on a été sélectionné parce que Pierre a été extrêmement réactif. Il a pu proposer une pièce finie en moins d’une semaine », estime Annie Duval. Élève pendant quatorze ans de Patrick Lepage, fondateur de la Verrerie d’art à l’époque où elle était installée dans le centre-ville d’Amboise, le souffleur a repris la création des pièces au décès de ce dernier, en 2015.
Pour cette « opération dragon », il a utilisé le procédé dit du sablage. « C’est une technique qui se rapproche beaucoup de la sculpture du verre à l’acide, employée par des grands noms comme Émile Gallée : on protège ce qu’on veut conserver de la surface avant de plonger la pièce dans l’acide, qui vient manger le verre. Ici, on a utilisé du sable pour venir creuser les couleurs (rouge et blanc), autour d’un pochoir noir représentant un dragon noir », explique l’artisan, âgé de 38 ans, qui a installé ses trois fours dans une cave troglodyte de l’Amboisie.
Si la facture doit encore être envoyée à l’Élysée, Pierre Gallou n’a pas attendu que son vase s’envole pour Pékin dans les bagages de Xi Jinping pour replonger dans son quotidien. Entre les quelque 600 pièces qu’il réalise à l’année et les ateliers qu’il propose au public, le spécialiste du verre n’a pas vraiment pas le temps de souffler.